Vos mots pour raconter
le Festival des Passeurs d’Humanité 2019
et imaginer le prochain ?

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Passeurs d’humanité
par l’écrivain Michel Séonnet

Passeur d’humanité.

Sans doute n’y a-t-il pas de manière plus juste de dire ce qu’il en est de la tâche et du destin de toute personne humaine qui se tient à la modeste prétention de l’être pleinement.

Passeur d’humanité.

Ce fut pendant quatre jours tentatives de dire, de chanter, de jouer, de lire, de boire et de manger dans toutes les étendues, longueur, largeur, hauteur, profondeur, qu’offrent ces deux mots à nos tenacités souvent malmenées

Passeur d’humanité.

Il fut question de savoir si c’était utopie – mais l’utopie n’est rien d’autre que cette part non advenue du réel. Nous étouffent ceux qui refusent à l’utopie d’être part constitutive de la réalité.

Passeur d’humanité.

Tant de visages à donner à ceux qui s’y essaient : berger bergère, chanteuse, éducateur éducatrice, vieux prêtre, philosophe, clown, poète, guide de montagne, oléiculteur oléicultrice, prof professeuse, fabricante d’huiles essentielles, jouisseur jouisseuse du rien faire, musicien musicienne, orthophoniste, et tant et tant.

Passeur d’humanité.

Par quelque écosystème qu’il faudra un jour essayer de comprendre (la frontière n’est pas le seul facteur), la Roya s’est offerte comme nom de ralliement.

Passeur d’humanité.

Sous les auspices impétueuses du mont Bégo, des gravures rupestres des Merveilles, de la chapelle de Canavesio à La Brigue, ici est rappelé que l’humanité des hommes femmes enfants s’écrit toujours plus haut que leur souffle bredouillant, là où un multiplié par un finit par faire beaucoup.

Passeur d’humanité

source : petitspointscardinaux.net

Sylvie et Denis, festivalier.e.s

Quel Festival! On y sent bien votre expérience à l’œuvre, mais aussi votre grand cœur. C’était très émouvant de vivre ces moments riches de partage  d’humanité envers l’autre trop souvent encore rejeté.e parce que mal compris.e.
Que de pensées, de musiques, de personnes rencontrées, et de bouquins avec lesquel.les. nous revenons de la Vallée de la Roya.

Fenêtres, de l’autrice Ramona Badescu
lu à la soirée d’ouverture du Festival

j’aurais pu vous parler de ma passion pour les gens, le monde végétal, minéral.
j’ai plutôt choisi de vous parler de celle que j’ai pour les fenêtres.
depuis l’enfance.
depuis l’enfance, j’aime regarder par le cadre rassurant (car fixe) des fenêtres, surtout celles de la maison que j’habitais.
en perdant cette maison, (c’est peut-être ça l’exil, perdre ses fenêtres), ce qui me manque le plus, mais ce dont je me souviens le mieux, paradoxalement, est le paysage en mouvement que m’offraient ces fenêtres.
mais ce que j’aimais encore plus peut-être, c’est, comme la petite fille aux allumettes d’Andersen, c’est vivre quelque chose de la vie des gens, en regardant depuis la rue, par leurs fenêtres, avec eux, comme eux.
ici, l’année dernière, j’y ai vu des choses passionnantes.
un chat en équilibre, deux amoureux d’un âge certain, des regards détournés, des rideaux crochetés, de très beaux géraniums, de la cuisine qui sent bon, de la méfiance et de la curiosité.
de la fenêtre de mon hébergement temporaire chez un habitant au grand cœur, j’y ai vu des tilleuls et des mélèzes élancés au clair de lune, de très beaux nuages qui s’accrochaient dans la roche lointaine des montagnes, et la clarté troublée de la pierre de Tende. sublime. les empreintes que la neige laisse longtemps après sa disparition sur la rétine, et celles de ceux qui l’ont traversée très peu chaussés.
malgré tout, j’ai peu vu. trop vite. alors voilà, je reviens cette année pour voir encore, voir autrement, plus au ralenti, d’autres fenêtres. ou les mêmes, avec vous.

Karine Fourcy,
metteuse en scène de D’ailleurs

Bonsoir Jacques,

Je n’ai malheureusement pas pu te dire au revoir avant de partir dimanche dernier, j’imagine que tu devais être au col de Tende… Je n’ai malheureusement pas pu me joindre à vous car c’était trop juste par rapport à mon train, mais Alberta et Judy, de la troupe, ont pu y lire des textes en arabe et en espagnol.
Je voulais te remercier au nom de toute la troupe pour ces moments de partages qui ont été très riches pour chacun. En émotions, en rencontres, en échanges.. Nous avons été très très heureux de participer au festival et d’être passeurs d’humanité en y présentant « D’ailleurs ». Les mots ont résonné pour chacun de façon très intense et très particulière place de l’église, face à la montagne… Chacun en garde un souvenir très fort. Merci d’avoir permis ce moment.
Ça a été dur pour tout le monde de redescendre de la Vallée !

Liliane Gabel
bénévole du Festival

Quel belle expérience à nouveau !
J’en redemande, malgré la fatigue…
Je voudrais poser ici ce que j’écrivais l’an dernier, et dont je ne veux retirer un seul mot :

Merveilleuse vallée

La Vallée des merveilles
Quel nom prédestiné !
Si plaisant à l’oreille,
Plaisant à… seriner.
Coïncidence étrange
Avec luttes nombreuses,
Ces luttes qui dérangent
Jusqu’à folie haineuse.
Certains voudraient uniques
Les actions en ce lieu,
Mais contre lois iniques
Se propage le feu.
Merci val merveilleux,
Et vous de la Roya,
Cédric, Jacques, et tous ceux
Qui, pour « eux » êtes là.

Liliane Gabel (14 juillet 2018)

Déserts

La Méditerranée entière,
Devenue vaste cimetière,
Dégueulera milliers de corps,
Corps mis à mal, corps mis à mort.

Le Sahara, cette étendue
De feu, d’or, à perte de vue,
Désert de sable, désert de sel,
Vole la vie à tire-d’aile.

Quelle solitude intolérable !
Quelle torture insupportable !
Laisserons-nous l’immonde bête
Sans réagir courber nos têtes ?

Nous leur devons, nous nous devons
D’encore lutter, et tous ensemble
Cultiver notre indignation.
C’est le trésor qui nous rassemble.

Liliane Gabel (14 juillet 2018)